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Comprendre l’impact du numérique, la “pollution invisible”

Au cœur des défis sociétaux et économiques auxquels la France est confrontée, figure la transition vers une économie durable, nourrie par l'innovation et la croissance. En réponse à cette problématique, la loi PACTE a vu le jour pour stimuler la responsabilité sociétale des entreprises françaises, en insistant sur l'importance des facteurs environnementaux, sociaux et éthiques dans leurs opérations.

De prime abord, le numérique est vu comme une solution efficace pour atténuer notre impact environnemental, tant dans nos vies professionnelles que personnelles. Cependant, la réalité s'avère plus complexe. En effet, le cycle de vie du numérique laisse une empreinte environnementale non négligeable. Avec l'essor incessant du secteur numérique, qui représente 3,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, la minimisation de son impact écologique devient un enjeu capital. Une page web consultée émet en moyenne 1,76 g de Co2, selon une étude du groupe Shift Project, et il faut compter environ 17,6 g de Co2 pour faire fonctionner un site internet. Heureusement, plusieurs solutions et techniques d'optimisation peuvent permettre de réduire cet impact.


L'impact numérique : Chiffres clés et idées reçues

Le secteur numérique, responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre en France et de 3,7% au niveau mondial, selon une étude menée par GreenIT, est directement concerné par ces enjeux. Le nombre de serveurs mondiaux a dépassé les 67 millions en 2019 et le nombre d'objets connectés est estimé à 19 milliards, avec une projection à 48 milliards d'ici 2025.

En ce qui concerne les contenus web, le format vidéo est particulièrement "énergivore", générant à lui seul près de 300 000 tonnes de Co2. Il représente 60% du flux de données mondial, soit une consommation massive de Co2 équivalente à l'empreinte carbone d'un pays comme l'Espagne.

Le cycle de vie du numérique, de la fabrication à la fin de vie d’un appareil, comprend plusieurs étapes. Le processus de fabrication d'un appareil électronique consomme une grande quantité de matières premières et d'énergie. Par conséquent, 80% de l'empreinte écologique provient de la fabrication, tandis que les 20% restants sont liés à son utilisation. Même si ce pourcentage peut sembler faible, l'augmentation constante du nombre de consommateurs et de leur temps d'utilisation a un impact non négligeable.

Quant au recyclage, il est intensifié par le rythme rapide de renouvellement des équipements.

Il est crucial de déconstruire certaines idées reçues concernant le numérique, souvent perçu comme une solution efficace pour réduire notre empreinte carbone. Il serait trompeur de dire que le numérique est immatériel et donc non polluant. En réalité, on assiste à un transfert de pollution. Réduire la consommation de papier grâce au numérique entraîne des dépenses énergétiques tout aussi importantes. Toutefois, le commerce en ligne permet d'économiser et de réduire l'empreinte carbone. C'est la logistique, qui engendre des émissions de gaz à effet de serre significatives.

Mesurer pour mieux gérer : Quelles approches et quels outils pour évaluer l'impact numérique ?

Le numérique possède une "face cachée". Une démarche durable doit avant tout reposer sur une compréhension approfondie de l'impact des sites web et des autres outils digitaux, ainsi que sur la capacité à identifier les améliorations possibles.

Certains outils tels qu’EcoIndex lancé par l'AACC (Association des Agences Conseil en Communication) en collaboration avec Green IT et intégré au programme France Num permettent de mesurer l'impact environnemental des sites web et d'identifier les domaines potentiels d'amélioration. Il s'agit de la première étiquette de performance environnementale pour les sites web. Ce dispositif en ligne gratuit évalue le niveau de performance et l'impact environnemental d'un site web, et propose des recommandations pour réduire son empreinte carbone. L'extension GreenIT Analysis est accessible via les navigateurs Chrome et Firefox.

L'efficience énergétique constitue un critère cardinal dans l'évaluation de l'impact environnemental d'un site web. Cela inclut l'analyse de la taille et du poids des pages, englobant des éléments tels que les images et les vidéos, ainsi que le volume des requêtes HTTP et l'usage d'un CDN (Content Delivery Network). Ces facteurs sont cruciaux pour minimiser la distance de transmission des données.

L'hébergement du site, de surcroît, représente une préoccupation majeure. Il est impératif d'opter pour un hébergement éco-responsable, un qui promeut l'emploi d'énergies renouvelables et améliore l'efficacité énergétique du centre de données. La position géographique de ces centres est également essentielle, en raison de son impact sur l'empreinte carbone liée à la distance de transmission des données.

L’éco-conception, des pistes d’optimisation

La conception éco-responsable s'avère être un critère d'importance, engendrant l'usage de matériaux recyclés ou recyclables pour les éléments graphiques et l'implémentation de pratiques de design durable. Pour optimiser le temps de chargement des pages et garantir une expérience utilisateur plus fluide, l’optimisation du code est essentielle. Cela peut être réalisé grâce à la minification des fichiers CSS, JavaScript et HTML, la compression des images, et l'emploi de mécanismes de cache, optimisant ainsi le temps de chargement des pages et la transition vers un hébergement éco-responsable.

Le rôle d'une agence experte en digital est primordial pour instaurer cette démarche respectueuse de l'environnement. Avec une compréhension pointue de l'innovation technologique et de la création de contenu, cette dernière est parfaitement positionnée pour aider les entreprises à minimiser leur empreinte écologique en ligne. L'éco-conception ou le design vert dans le numérique ce n'est pas simplement une question de choix technologiques, mais aussi une question de méthodologie et de principes de design : design minimaliste, l'utilisation du dark mode, conception mobile-first ou bien l’utilisation de polices de caractères économes en énergie. Cela nous pousse également à adopter une vision à long terme, à envisager des mises à jour régulières comme un moyen de prolonger la durée de vie utile des sites et applications.

En effet, nous assistons à une transformation dans la manière dont nous concevons et développons nos produits numériques avec de toutes nouvelles approches :

  • L'IA éco-conçue : Avec l'expansion rapide de l'intelligence artificielle et du machine learning, nous devons envisager des moyens d'optimiser ces technologies pour minimiser leur impact environnemental. Par exemple, des algorithmes plus efficaces pourraient être développés pour réduire la quantité de données nécessaires à l'apprentissage des machines, ce qui réduirait la consommation d'énergie.
  • "Energy-aware programming" : Il s'agit d'une nouvelle approche de la programmation qui tient compte de la consommation d'énergie lors de la rédaction du code. Cette pratique pourrait inclure des techniques telles que l'évitement des boucles inutiles, l'utilisation efficace de la mémoire, et le choix de langages de programmation ou de frameworks qui sont plus économes en énergie.
  • Sites Web "offline-first" : En concevant des sites Web qui peuvent fonctionner hors ligne (en utilisant des technologies comme les Service Workers), nous pouvons réduire la quantité de données qui doivent être téléchargées à chaque visite, économisant ainsi de l'énergie.
  • Réutilisation de composants numériques : À l'instar de l'économie circulaire dans le domaine physique, nous pouvons envisager une économie circulaire pour les composants numériques, où les éléments de code ou de design sont réutilisés autant que possible pour minimiser le coût environnemental de la création de nouvelles fonctionnalités à partir de zéro.

L'équipe digitale peut également être déterminante dans l'instauration d'une politique de contenu durable, en aidant à établir un plan de gestion des déchets électroniques et en privilégiant l'usage de formats ouverts et interopérables. Il s'agit de sensibiliser, de former, de partager nos initiatives et réalisations en matière de RSE pour promouvoir une culture d'éco-responsabilité. C'est une démarche collective.

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